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Peu de fouilles ayant été entreprises jusqu’à présent sur le sol de la commune, c’est pour une bonne part sur des indices de surface que l’on peut appréhender le passé le plus ancien.

 

PRÉHISTOIRE  

Quelques silex taillés caractéristiques (bifaces, racloirs, pointes) ramassés au hasard des travaux agricoles révèlent le passage de chasseurs néandertaliens à une ou des périodes indéterminées du Paléolithique moyen sur ce qui relèvera nombre de millénaires plus tard de l’espace communal de Pontault-Combault.

Histoire P-C 1 Racloir convergent moustérien.

Le Néolithique, temps ultime de la Préhistoire, témoin de l’émergence des premières sociétés paysannes est attesté par une relative abondance d’artéfacts. (1)  Si plusieurs fragments de bracelets en schiste poli évoquent la présence, au cours de la première moitié du 5ème millénaire avant notre ère, de populations appartenant à la culture de Villeneuve-Saint-Germain (Néolithique ancien), c’est surtout aux phases Néolithique récent / Néolithique final que semblent se rattacher les vestiges lithiques récoltés (haches polies, armatures de flèches, grattoirs, percuteurs, broyons de meules, etc.).

Histoire P-C 2

Un fragment de « poignard » en silex originaire de Touraine (Grand-Pressigny) et des racloirs à encoches utilisés comme couteaux à moissonner se réfèrent à la panoplie des agriculteurs du 3ème millénaire av. J-C (Néolithique final).

En 1997, une fouille archéologique menée par Valérie DELATTRE de l’INRAP sur un petit ensemble funéraire du Haut Moyen Age a en outre livré un matériel résiduel (outils de silex, petit vase) attribué au Néolithique final / Campaniforme. (2)

 

PROTOHISTOIRE

Un potin de type BN 6160/6168 (identification C. DROUOT) attribué aux Carnutes (1) récupéré dans la terre remaniée d’un lotissement et une faible quantité de tessons de poterie modelée dépourvus de décor, glanés en surface parmi d’autres débris d’époque gallo-romaine ont, un temps, constitué les seules traces éventuelles d’une présence à l’époque gauloise.

Histoire P-C 3

En 1995, préalablement à l’implantation de la Z.A.C de Pontillault, Paul BRUNET de l’INRAP (3) dirigea une opération de sauvetage qui a fourni de nouvelles informations sur le passé gaulois.

Le premier âge du Fer n’est que modestement représenté par des éléments céramiques du Hallstatt moyen découvert dans un fossé mais le 2ème âge du Fer (La Tène) est caractérisé par des restes plus substantiels.

Deux sépultures de La Tène B2 (4ème s. av. J-C) ont été mises au jour par le décapage. L’une était dépourvue de mobilier funéraire mais, dans l’autre, la défunte avait conservé un fragment de torque en bronze à décor ternaire ainsi qu’une fibule de même métal de type Münsingen. Un réseau de fossés datés de La Tène D2 (1er s. av. J-C) associé à des assemblages de trous de poteaux a permis de reconstituer les structures annexes d’une ferme gauloise qui devait se trouver non loin.

Des vestiges céramiques variés composent la majeure partie du matériel recueilli complété par une fibule en bronze étamé, de petits clous en fer, une virole métallique et un potin type LT 9180/DT 151.

 

ANTIQUITÉ

Un ancien chemin passant à l’est de la commune et reliant Melun à Torcy, dont le tracé a été plus ou moins repris par celui de la Francilienne pourrait constituer la survivance d’une hypothétique voie secondaire antique.

Quant à la route menant de Paris à Troyes, connue au Moyen Age sous le nom de « Chemin de Rome », partiellement recouverte par la moderne RN4, son origine, bien que considérée comme romaine par certains auteurs, est incertaine.

Divers lieux de la commune semblent avoir été fréquentés pendant une partie au moins des cinq siècles suivant la fin de l’indépendance gauloise. Cependant la majorité des gisements ne se signalent à l’attention de l’observateur que par quelques bris de tuiles à rebords et de poterie. Il pourrait s’agir de petits habitats ruraux à l’organisation difficilement perceptible qui ont, pour certains,  connu une réoccupation durant le Haut Moyen Age.

La fouille de Paul BRUNET mentionnée au paragraphe précédent suggère qu’à une ferme gauloise a succédé un établissement gallo-romain probablement oblitéré par les bâtiments du hameau et de la ferme de Berchères. Les abords  de celle-ci ont d’ailleurs livré des tessons antiques et médiévaux.

Histoire P-C 4

Les labours sur un site n’ayant pas encore subi les aléas de l’urbanisation ont ramené en surface, en plus des débris habituels de tegula et d’imbrex une quantité non négligeable de tessons divers(1), surtout de la poterie commune dont de la noire à pâte rouge (N.P.R.), un peu de sigillée (Drag 37) et bord de jatte Chenet 323 à décor de guillochis et couverte métallescente.

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Une meta (partie dormante d’une meule à grains) en pierre meulière remontée par un labour profond et un catillus (partie tournante) paraissant avoir subi une retaille, trouvé dans les terres de déblais d’un  lotissement en construction attestent d’activités de meunerie. (4)

Histoire P-C 5

Une demi-douzaine de monnaies romaines a pu être récoltée : un as de Vespasien au type de la Sécurité, un sesterce d’Antonin le Pieux, deux sesterces de Marc-Aurèle, un sesterce de Commode et un nummus de Constant au revers Gloria Exercitus frappé à Antioche.

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HAUT MOYEN AGE

La connaissance de cette période s’est vue profondément reconsidérée grâce aux apports de l’archéologie préventive de ces trois dernières décennies. Au sentiment misérabiliste acquis à l’étude des rares textes disponibles et de matériel issu de nécropoles a succédé, par la multiplicité des fouilles d’habitats ruraux, une complète réévaluation. Une impression initiale de désertion a fait place à celle de la pérennité ou, tout au moins, d’une réoccupation partielle de l’espace habité.

A Pontault-Combault, l’apparition en surface de terres labourées, sur quelques endroits déjà fréquentés antérieurement, de tessons de céramique à gros grains de dégraissant quartzeux, trahit la persistance d’une présence humaine lors du Haut Moyen Age.

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Cette poterie granuleuse (5) de teinte variant du gris clair au gris foncé et du beige clair au rose apparaît dans la seconde moitié du 4èmesiècle pour perdurer pendant toute la durée des temps mérovingiens et carolingiens. Elle constituera l’essentiel de la poterie domestique de ces périodes.

Ont aussi été récoltés quatre petits fragments de récipients gris foncé à pâte plus fine décorés de casiers ou d’oves renversés. Ces céramiques plus luxueuses que la vaisselle en granuleuse  peuvent être datées du 7èmesiècle.

Quelques objets métalliques sont eux aussi significatifs des 7ème et 8ème siècles : une bague en bronze à l’anneau brisé dont le chaton protubérant est décoré d’annelets pointés, une fibule ansée symétrique en bronze étamé au décor similaire (6) ainsi qu’une fibule ansée asymétrique découverte lors de la fouille de 1995. Enfin un denier, minuscule piécette d’argent vraisemblablement frappée à Metz (7) constitue un très rare témoignage de la circulation monétaire des débuts du 8èmesiècle.

    Histoire P-C 7

Près de la ferme de Berchères, une petite nécropole appartenant au groupe de sépultures sans lieu de culte associé dit « en plein champ » a fait l’objet d’une fouille de l’INRAP conduite par Valérie DELATTRE en 1997. (2)

29 inhumations, en deux groupes, étaient réparties de part et d’autre d’un affleurement naturel de gros blocs de meulière, en fonction – peut-être - de liens de parenté (adultes des deux sexes et enfants). L’indigence du matériel datant incite à attribuer les défunts à l’époque carolingienne. En effet, dans le courant du 8ème siècle, sous l’influence grandissante de l’Eglise, l’usage du dépôt d’objets dans les tombes est abandonné au profit de prières formulées par les vivants, estimées plus utiles au salut des âmes.

Il faudra attendre le 13ème siècle pour retrouver, sans systématisation, un dépôt funéraire sous forme de céramiques. Ce fut le cas par exemple des fouilles menées par Guy PESIER dans les années 1970 autour de l’église de la commune voisine de la Queue-en-Brie, avec des poteries flammulées  percées afin d’y faire brûler de l’encens.

La plus ancienne mention d’un lieu de culte à Berchères placé sous le patronage de Saint-Pierre-ès-Liens date seulement de 1147 mais le domaine est déjà cité en 1078 puis en 1079 avec la mention « villa quae appellatur Bercherias ». (8)

 

Texte et croquis : Georges SUCHET        Photographies : Isabelle BOYER

 

RÉFÉRENCES ET BIBLIOGRAPHIE

1)  Georges SUCHET - Des vestiges préhistoriques et gallo-romains à Pontault-Combault -  LE DONJON, Bulletin du Groupe Nature Caudacien, N° 10, avril 1975.

   Georges SUCHET – De nouvelles trouvailles préhistoriques et gallo-romaines à Pontault-Combault - LE DONJON, Bulletin du Groupe Nature Caudacien, N° 12, janvier 1977.

 Georges SUCHET – Trouvailles préhistoriques à Pontault-Combault - LE DONJON, Bulletin du Groupe Nature Caudacien, N° 13, mai 1978.

2)  Valérie DELATTRE – Le cimetière carolingien de Berchères – ARCHEOLOGIA, N° 405, novembre 2003.

3)  Paul BRUNET – Une installation agro-pastorale de la fin de La Tène à Pontault-Combault et près de la ferme de Berchères – Bulletin du G.AS.M. N° 35 à 38, années 1994-1997.

     Jean-Noël GRIFFISCH, Danielle MAGNAN, Daniel MORDANT – Carte archéologique de la Gaule, la Seine-et-Marne 77/2, 373 – Pontault-Combault p.981-982.

4)  Georges SUCHET – Deux instruments témoins de l’activité des premiers agriculteurs à Pontault-Combault - LE DONJON, Bulletin du Groupe Nature Caudacien, N° 14, décembre 1977.

5)  Michel PETIT – La céramique de type « MAYEN » en région parisienne - Bulletin du G.A.S.M. N°16, année 1975.

6)  Georges SUCHET – Note sur une fibule mérovingienne trouvée à Pontault-Combault - LE DONJON, Bulletin du Groupe Nature Caudacien, N° 11, novembre 1976.

7)  Georges SUCHET – Un denier mérovingien à Pontault-Combault - LE DONJON, Bulletin du Groupe Nature Caudacien, N° 15, janvier 1979.

     Michel DHENIN – Découverte d’un denier mérovingien à Pontault-Combault (S et M) – Bulletin de la société Française de Numismatique – 35ème année, N°3, mars 1980.

     Jean LAFAURIE – Les Monnaies mérovingiennes en région parisienne – Mémoires publiés par la Fédération des Sociétés historiques et archéologiques de Paris et de l’Ile de France – Tome 32, 1981, Le Haut Moyen Age en Ile de France.

     Bruno FOUCRAY – Circulation et usages monétaires dans le monde rural francilien du Haut Moyen Age – Actes des Journées Archéologiques, S.R.A. Ile de France, 2002.

8)  Bernard HUCHET – Pontault-Combault –  Maury Imprimeurs - 1994.

Tag(s) : #Visites et voyages
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